C'est une histoire de famille, de secrets et de silences. L'atmosphère est lourde et la narratrice, «petite fossoyeuse amoureuse des cimetières», y est sensible dès son plus jeune âge, les ancêtres, invisibles, rodent alors que les morts et la mort unifient la famille dans ces maisons imprégnées du passé («On respecte les morts. Ils existent. On les aime jusqu'au bout et surtout au-delà.») Initialement et très longtemps, la cause lui en demeure inconnue. Elle vole au détour d'une conversation un mot, une phrase, une question qui éveillent sa curiosité. Mais ce sont surtout "les encadrés" de la maison qui pèsent par leurs regards fixes, froids et définitifs sur la famille qui se tait et s'efface devant ses morts. La mort est omniprésente : «C'est l'histoire d'un homme, cinquième d'une famille de dix enfants, fils d'agriculteurs du Porzay, Finistère sud, ouvrier de l'arsenal de Brest, marquis de la p'tite gamelle, un homme assis chaque soir à table en face de ma mère.». La narratrice est la fille de cet homme bien que, jamais de son vivant, elle ne pourra l'appeler papa ou mon père, il restera le Menuisier. Ils se regardent de biais, s'épient, s'aiment mais jamais n'ébaucheront ne serait-ce que le début d'un dialogue. Leur symbiose totale les empêche finalement de se connaître, de se rencontrer. Ce n'est après qu'une longue enquête qu'elle découvrira le lourd passé dont elle a hérité, qu'elle a toujours ressenti et qui demeure inscrit en elle.