COMPTE | marie-christine

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Lorsque Voltaire, est sommé de découvrir le meurtrier de la baronne de Fontaine-Martel chez qui il a pris ses quartiers, cela donne : Une rencontre épique avec Emilie du Chatelet, enceinte jusqu'aux yeux, férue de sciences et de mathématiques qui va trouver plus de plaisir à épauler Voltaire qu'à languir dans son salon ; Une enquête, donc, menée tambours battants,  des dialogues absolument savoureux et tout à fait caractéristiques du siècle des Lumières : « Madame est partie à la morgue pour son autopsie ». Aux commandes, un Voltaire maigrichon et nerveux, hâbleur en diable et pique-assiettes, aux réparties fulgurantes, si sympathique qu'on lui pardonne volontiers ses quelques accès de misogynie. Notre philosophe national qu'on imagine fort bien sautillant et glapissant, va tour à tour soupçonner les trois héritières potentielles de la baronne. Il y a des codes à décrypter, des traquenards à déjouer, une petite musique dissonante annonciatrice de meurtres à venir. Il convient aussi de rattraper les bourdes du très glouton et très naïf abbé Linant. Il faut temporiser avec le lieutenant général de police qui n'a de cesse qu'il ne veuille « embastiller » Voltaire. Plus que l'enquête policière, ce sont les mœurs de l'époque drôlement décrits, l'humour à chaque page qui nous transportent. Un régal.
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À propos de : Le Livre de Johannes
Le livre de Johannes En l'an 1528, quand les couteaux seraient en sa possession, le moine mendiant se dirigerait vers Trondheim...... A Richmond, en août 2010, Efrahim Bond, obscur employé au musée Edgar-Allan Poe, s'apprête à révéler au monde l'existence d'un tueur en série des plus sanguinaire, lorsque quelqu'un frappe à la porte... … Il avait, quelques jours auparavant, donné un morceau de reliure en cuir à analyser. Septembre 2010, Vatten, responsable de la sécurité à la bibliothèque Gunnerus de Trondheim rencontre Siri Holm, une jeune femme de 25 ans qui va remplacer Gunna Brita Dahle, la bibliothécaire. Sa femme et son fils ont disparu 5 ans auparavant. En trois chapitres, le cadre est posé. Nous allons voyager d'Italie en Norvège, et de Virginie à Trondheim, à quatre siècles d'intervalle. Efrahim est retrouvé écorché et décapité. Lorsque Félicia Stone, jeune inspectrice chargée de l'enquête à Richmond, découvre que la reliure est en peau humaine, son petit doigt lui dit que là est la clé. Et lorsqu'elle apprend qu'un crime similaire s'est produit en Norvège, « son sang ne fait qu'un tour ». Il y a forcément un lien. En Norvège, Odd Singaker, de retour au service, après une longue convalescence, va devoir réactiver rapidement ses petites cellules grises. C'est un tandem de choc que nous offre l'auteur. Et puis, le livre de Johannes, un des premiers essais d'anatomie, et relié en peau humaine, a disparu. Siri la malicieuse, érudite « es polars »,va quelque peu perturber l'enquête. Un collectionneur de livres anciens jettera lui aussi le trouble. Fausses pistes finement amenées, construction impeccable, apports historiques captivants sur l'Italie du XVI ème siècle et ses premières autopsies publiques, font de ce roman un excellent policier. On attend les suivants.
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À propos de : Miséricorde
Des effluves de cuisine orientale provenant du sous-sol, gagnent les étages de la PJ, faisant froncer le nez de tous les inspecteurs. Cela ne fait pas très sérieux, et pourtant,.....le sous-sol va obtenir des résultats. Le département V, chargé de ré-ouvrir des dossiers classés mais qui n'ont pas abouti, a été spécialement créé pour Carl dont l'allergie à l'autorité commençait à en irriter plus d'un. On lui adjoint Assad, syrien aux origines troubles, qui est censé faire le ménage et le café, mais montrera bientôt de sérieuses capacités de réflexion et un véritable intérêt pour l'enquête. Carl « pioche » un dossier parmi .… une quarantaine (pour notre plus grand plaisir, l'auteur s'inscrit dans la durée). Une jeune femme, Merete Lyyngaard, dont la carrière politique est en pleine ascension, a disparu 5 ans auparavant dans des circonstances mystérieuses. Il s'avère rapidement que l'enquête, à l'époque, a été bâclée. Carl tire un fil, puis un autre, et de fil en aiguille, c'est toute la bobine qui vient, effrayante. Quel duo formidable, quels dialogues croustillants et quelle belle humanité entre ces deux là ! Lentement mais sûrement, et jusqu'à « l'explosion » finale, nous sommes magistralement tenus en haleine. Et malgré l'horreur du propos, l'auteur distille ça et là des touches légères qui nous permettent de reprendre notre respiration. On parle rarement du traducteur, en l'occurrence de la traductrice. J'aimerais, ici, la remercier, d'avoir su aussi bien donner chair à tous ces personnages. Et on n'a qu'une hâte, c'est de retrouver nos deux compères du département V. Tout simplement formidable.
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Ni polar, ni thriller mais un formidable documentaire sur, d'une part le Chicago des années 1890 et la mise en œuvre de l'exposition universelle de 1893 par l'architecte Daniel Burnham, d'autre part, le parcours criminel absolument terrifiant d'un certain H.H.Holmes. Parti pris intéressant que de mettre en parallèle les actions ô combien dissemblables de ces deux hommes également intelligents et charmeurs, et qui plus est, bâtisseurs. Daniel Burnham orchestra la construction de la « ville blanche », une ville « lumière » qui devait apporter connaissances, bonheur et joie à des millions de visiteurs. H.H.Holmes remodela l'intérieur d'un immeuble et le transforma en hôtel afin d'attirer puis faire disparaître ses victimes en toute tranquillité. Cette structure labyrinthique conçue par un esprit malade eut à entendre bien des cris de désarrois, fut le témoin de bien des souffrances. L'attraction que constituait l'exposition universelle avec sa flopée de curieux, lui permit de se livrer à ces actes barbares sans être inquiété, jusqu'à ce qu'un inspecteur tenace, Frank Geyer, mène l'enquête. On sait bien sûr, que l'exposition universelle fut bel et bien un succès. Si suspens il y a, celui-ci se situe dans le suivi fiévreux des « chausse-trappes » engendrées par les éléments naturels, de l'affrontement des décideurs parties prenantes du projet, de la menace de grève des ouvriers et du défi que représentaient certaines innovations techniques. On ne s'ennuie pas une minute à la lecture de cet ouvrage. L'écriture est vivante et tous les acteurs sont décrits avec beaucoup d'humanité. Et on apprend beaucoup : situation économique, mœurs sociales, premiers balbutiements d'une conscience écologique, le Chicago du 19ème siècle est dépeint très finement. Petit plus : les chutes de certains chapitres, souvent teintées d'un humour « pince-sans-rire ».

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