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La Doublure
Passion, faux-semblants, emprise… Qui manipule qui ?
Plongez dans le nouveau roman de Mélissa Da Costa : La Doublure.
Une jeune femme fragile en quête d’un nouveau départ.
Un couple magnétique et fascinant prêt à lui ouvrir les portes de son monde doré.
Un trio pris au piège d’un jeu cruel et d’une dépendance fatale.
Dans ce roman sombre et envoûtant, Mélissa da Costa explore, à travers l’histoire d’une passion toxique, la face obscure de l’âme humaine et les méandres du désir.
Découvrez les tableaux présents dans le roman et initiez-vous au courant du romantisme noir avec Clara, Pierre et Evie.
La ronde des farfadet - David Ryckaert (1651) - Musée d'Art Roger Quilliot
« Je peins depuis mes douze ans, de façon irrégulière. J’ai choisi d’intégrer les Beaux-Arts de Nice à dix-huit ans, après le lycée. C’est… C’est là-bas qu’en étudiant l’histoire de l’art, j’ai découvert La Ronde des farfadets de Ryckaert et que… j’ai eu un coup de foudre pour… cette période du romantisme noir… »
Je guette la réaction de Clara, mais elle reste impassible, attentive.
« Qu’est-ce qui vous a tellement touchée dans ce tableau ?
— C’est le… le sentiment d’horreur qu’on éprouve en posant le regard sur… sur ces squelettes à mi-chemin entre l’homme, l’oiseau, le chien ou le taureau. Ils… ils provoquent de la répulsion. J’ai… »
Le cauchemar - Johann Heinrich Füssili (1781) - Musée des Arts Detroit
Tandis que nous nous apprêtons à débarrasser le petit déjeuner, Clara m’attire soudain dans la véranda avec une certaine excitation. D’une pochette rouge, elle extrait une feuille qu’elle me montre. Il s’agit de la reproduction d’un tableau.
« C’est Le Cauchemar, de Füssli. 1781. »
Le tableau représente une femme allongée de tout son long dans une robe blanche, renversée, la tête tombant en arrière, comme si elle était en proie à un cauchemar. Sur son buste est assis un monstre ressemblant à une gargouille. Il regarde fixement le spectateur, les yeux écarquillés, l’air mauvais, comme s’il l’interrogeait sur sa présence.
« C’est un kobold, m’apprend Clara. Un incube, si vous préférez.
— Un incube ?
— Un démon qui veut abuser de sa proie. »
La mort et le fossoyeur - Carlos Schwabe - (1885) - Musée du Louvre, département des Arts graphiques
Après Le Cauchemar, nous étudions La Mort et le Fossoyeur de Carlos Schwabe. Un tableau tout en contrastes représentant un fossoyeur à demi enfoncé dans un trou qu’il a creusé. Au-dessus de lui se tient accroupie une jolie jeune femme aux traits fins et aux ailes noires. L’ange de la mort.
« Le regard de l’homme est levé en direction de l’ange, m’explique Clara. Il a l’air surpris, effectivement, mais également émerveillé, fasciné par la vision extraordinaire de cette femme. »
Le vol des sorcières - Francisco de Goya (1797-1798) - Musée du prado
Je fais glisser la feuille vers lui. Il fronce les sourcils. Je sais que ce genre de tableau met mal à l’aise. Je ne peux m’empêcher de sourire. Le tableau en question ? Dans un ciel noir, trois sorcières lévitent en cercle, portant un corps nu qui semble sans vie. Elles sont vêtues de sortes de culottes colorées et de
chapeaux pointus décorés de serpents. Ces chapeaux, on les appelle corozas, en espagnol, m’a appris Clara.
Eve et le serpent - Franz von Stuck (1895) - Musée d'Orsay
« C’est une toile de Franz von Stuck, peintre qui ne peut être qu’allemand avec un nom pareil, n’est-ce pas ? On y voit une femme nue, à la peau étonnamment blanche. Elle est enlacée par un gros serpent noir. Elle se tient debout, dans une posture lascive, buste renversé en arrière, pubis et seins pointés en avant. Son regard suggestif provoque le spectateur, l’invite. »
Il s’interrompt, passe une main dans ses cheveux. « Le serpent nous fixe également, avec un regard différent cependant. Un regard menaçant. »
Trois femmes et trois loups (1892) - Eugène Samuel Grasset - Musée des Arts Décoratifs
« Regardez ça, Evie. Trois femmes et trois loups. C’est d’Eugène Samuel Grasset. Un Français d’origine suisse. Venez voir quelques secondes. »
Nous nous installons à même le sol, en tailleur. Je découvre un tableau réalisé au crayon, à l’aquarelle et à l’encre de Chine représentant trois sorcières volant dans les bois, entre les arbres. Le mouvement de leurs cheveux indique une vitesse rapide. Au sol, trois loups se sont arrêtés pour les observer, dissimulés
derrière des troncs. Un cor a été abandonné par un chasseur qui semble avoir fui.
« Où est le danger ? interroge Clara. Les loups, les sorcières, le chasseur invisible ?… Qui est en danger ? »
Saturne dévorant un de ses fils (1819-1823) - Francisco de Goya - Musée du Prado
La scène représentée est plongée dans l’obscurité. Seul est éclairé le visage de Saturne défiguré par la folie. Il dévore un corps déchiqueté.
« Le peintre a pris le parti de nous montrer en premier lieu la folie, dit Clara. Où transparaît-elle ? »
J’indique du doigt le visage de Saturne, déformé, ses cheveux ébouriffés, sa bouche qui pourrait être en train de hurler si elle n’était pas occupée à déchiqueter un lambeau de chair humaine, et ses yeux. Surtout ses yeux. Exorbités. Il est aussi effrayant qu’effrayé lui-même.
Femme de l'artiste sur son lit de mort (1845) - Paul Delaroche - Musée des Arts de Nantes
« Paul Delaroche a peint ce tableau neuf ans après la mort de son épouse. Des critiques y ont vu une volonté de montrer sa femme comme une sainte dont la mort édifie les foules. Il a utilisé le même procédé quelques années plus tard avec La Jeune Martyre. »
La jeune martyre (1855) - Paul Delaroche - Propriété de l'Etat Français
La Jeune Martyre est aussi saisissante que la première toile, mais différemment. Si la mort avait donné une attitude dérangeante et légèrement bizarre à Louise, là c’est un terrible sentiment d’horreur que suscite la beauté de la victime, une très jeune femme qui flotte dans un cours d’eau.
« Regardez, il a de nouveau peint l’auréole. »
Lilith (1887) John Collier - Atkinson Art Gallery, Southport, Lancashire UK
Un fond sombre et inquiétant. Une femme à la beauté venimeuse. Une épaisse chevelure rousse lui descendant jusqu’aux reins, un corps mince, à la peau légèrement cuivrée, beau, sensuel. Une lumière particulière l’éclaire, faisant ressortir le velouté de sa peau, sa pureté trompeuse. Le corps noir du serpent l’enserre dans une étreinte charnelle. La tête penchée sur l’épaule, Lilith cajole de sa joue la tête du serpent, son amant.
Tristan et Iseult (Mort) (1910) - Rogelio de Egusquiza - Musée des Beaux Arts Bilbao
Deux amants réunis dans la mort. Leurs deux corps gisant dans l’herbe. Le corps d’Iseult, abandonné, repose au-dessus de celui de Tristan. Peau d’une blancheur délicate, chevelure dorée, un sein et les épaules dénudés, nuque renversée. Terrassée par le suicide de son amant, elle a préféré le rejoindre. Elle n’a rien perdu
de sa beauté et de sa sensualité dans la mort, bien au contraire. Elle semble y avoir trouvé le repos et une magnificence éternelle.
Les vitraux des Pénitents blancs - Jean-Michel Folon, Saint-Paul-de-Vence, Alpes-Maritimes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France
Je dévale les escaliers, déverrouille la porte, rabats ma capuche sur la tête. Dans la rue, je cours presque. La chapelle des Pénitents. Il n’y a plus beaucoup de touristes à cette époque de l’année. Me mettre à l’abri du vent dans la chapelle.
Salomé et Saint Jean-Baptiste (1530) - Lucas Cranach - National Gallery Londres
Un jour, Salomé danse devant le roi Hérode Antipas lors d’un festin. On a dit qu’elle avait les gestes les plus lascifs, qu’on voyait très bien que sous sa tunique, elle était nue. Grâce à cette danse, elle réussit à charmer le roi, qui propose de lui offrir tout ce qu’elle veut. Salomé sort de la pièce et demande conseil à sa mère, Hérodiade.
“La tête de Jean Baptiste”, répond sa mère, qui lui en voulait parce qu’elle souhaitait se remarier avec le roi Hérode, frère de son premier époux.