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Traité de l'efficacité
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D'où nous vient l'efficacité ? Comment la penser sans construire un modèle à poser comme but, donc sans passer par le rapport théorie-pratique, et hors de tout affrontement héroïque ? A la difficulté européenne à penser l'efficacité - même sur le versant « réaliste » de notre philosophie (d'Aristote à Machiavel ou Clausewitz) - s'oppose l'approche chinoise de la stratégie : quand l'efficacité est attendue du « potentiel de la situation » et non d'un plan projeté d'avance, qu'elle est envisagée en termes de conditionnement et non de moyens à fin, de transformation et non d'action, de manipulation et non de persuasion, etc. : « l'occasion » à saisir n'est plus alors que le résultat de la tendance amorcée, et le plus grand général ne remporte que des victoires « faciles », sans même qu'on songe à l'en « louer ». De ce clivage, on percevra mieux en quoi consiste la possibilité d'effet ; et notamment, qu'il faut sortir d'une conception spectaculaire de l'effet pour comprendre qu'un effet est d'autant plus grand qu'il n'est pas visé, mais découle indirectement du processus engagé, et qu'il est discret.
J'appellerai fonds d'effet ce dont nous vient cette efficacité sans dépense, et qui ne rencontre pas de résistance. Il nous conduira à concevoir une stratégie qui serait de l'efficience plus que de l'efficacité.