Il faut se donner la peine de lire Je suis le dernier juif. Non seulement parce que ce témoignage d'un des rares survivants de la révolte du 2 août 1943 du camp de Treblinka, où fut exterminé plus de 600 000 juifs, a été écrit dans l'urgence, à l'hiver 1945, avant même la fin de la guerre. Non seulement parce que ce texte possède une charge émotive tellement pénétrante qu'il faut prendre une pause à tous les pages pour prendre la mesure de l'horreur de ce qu'on lit. Non, Je suis le dernier juif mérite d'être lu avant tout pour les dernières pages, là où Chil Rajchman narre les préparatifs et l'exécution du soulèvement du 2 août. D'un peu distante, l'écriture devient fébrile. Le juif Rajchman, l'automate arracheur de dents de cadavres, ne se sent jamais aussi heureux que ce jour d'août 1943, où lui et les autres survivants se dressent devant les assassins. Cette leçon est universelle.