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Gérard Mordillat

Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste, a publié de nombreux romans, parmi lesquels Vive la Sociale !, L’Attraction universelle, Les Vivants et les morts (Prix RTL-Lire 2004), Notre part des ténèbres et Ce que savait Jennie, ainsi que plusieurs essais. Il a réalisé pour le cinéma et la télévision une vingtaine de films et de documentaires : La Voix de son maître (coréalisé par Nicolas Philibert), Cher frangin, Paddy, En compagnie d’Antonin Artaud, Les Vivants et les morts (adapté de son roman) et, en collaboration avec Jérôme Prieur, les célèbres séries pour Arte « Corpus Christi », « L'origine du christianisme », « L’Apocalypse » et « Jésus et l’islam ». Il est par ailleurs un complice de toujours des « Papous dans la tête » de France-Culture.

Grand Prix RTL-LIRE
2005

Coups de coeur des libraires

En cette rentrée littéraire, Gérard Mordillat signe un roman percutant qui trouve un écho particulier dans notre actualité. Une tour, fief d’une compagnie d’assurances, se révèle une allégorie cinglante de notre société.

La tour Magister se dresse fièrement dans le parc de la Défense. Trente-huit étages de métal hiérarchisés, la direction au sommet, les petites mains au rez-de-chaussée. Dissimulés dans les sous-sols de la tour, se terrent les laissés-pour-compte, sans-abri, junkies, sans-papiers qui tentent de survivre avec des miettes. Des univers séparés par le béton. Partant de ce microcosme, Mordillat construit un roman choral épatant, mettant en scène une cinquantaine de personnages. En fil rouge, le destin de Peggy, qui tente de faire le lien entre les deux mondes. Le jour, c’est une hôtesse d’accueil appréciée et désirée, le soir, la résidente du parking de la tour, où elle retrouve dans une carcasse de voiture son frère illuminé. On suit aussi Nelson, autre personnage marquant, qui après avoir côtoyé les sommets de la tour, plonge dans les abîmes de la misère et de la folie à la suite de son licenciement.

L’engagement de Gérard Mordillat n’est plus à démontrer, mais la réussite de La Tour abolie réside sans doute dans cette faculté à dépeindre notre réalité sociale et le monde du travail sans verser dans la caricature. Un roman mordant donc, au rythme effréné, qui finit dans un feu d’artifice salvateur.

GUILLAUME FOUSSARD, Librairie Le Méandre, Meudon