Entre chronique sociale et roman noir, voici un livre époustouflant, tant par l’écriture que par l’histoire, qui démontre à quel point les apparences peuvent parfois être trompeuses.
Aveu de faiblesses, le deuxième roman de Frédéric Viguier, arrive après Ressources inhumaines (Albin Michel), qui avait été une révélation à sa sortie en 2015. L’histoire se déroule de nos jours, dans une petite zone pavillonnaire ouvrière du Nord de la France. Yvan, adolescent de 17 ans, est un mal-aimé qui a du mal à trouver sa place. Il faut dire qu’il est laid et qu’il est devenu au fil des ans le souffre-douleur de ses camarades d’école. Dans sa famille, il a peu de reconnaissance. Avouons que sa famille est particulière : la mère d’Yvan semble à moitié folle. Sa passion consiste à collectionner les couvercles de boîtes de camembert. Avec l’aide d’Yvan, elle fréquente les déchetteries pour les ramasser. Son père est plutôt patibulaire. Un jour, en fin d’après-midi, le petit garçon du pavillon voisin est retrouvé assassiné. Il faut un coupable et vite. Yvan est immédiatement accusé. C’est le coupable idéal. Il n’a pas d’alibi vraiment convaincant. Et puis, il se défend mal face aux accusations du flic qui l’interroge. Inutile d’en dire plus, le lecteur est happé dans cet engrenage infernal qui condamne Yvan par anticipation. Yvan se laissera-t-il faire ? Est-il coupable ? Le lecteur est persuadé de l’innocence d’Yvan, mais la machine judiciaire est lancée. Voilà pour l’aspect « polar » du roman. Au-delà de l’histoire, c’est toute une chronique sociale que compose Frédéric Viguier, passionnante, parfois effrayante, voire machiavélique. Quant aux personnages, s’ils paraissent finalement tous plus antipathiques les uns que les autres, ils n’en sont presque que plus attachants.
Aveu de faiblesses est un roman coup-de-poing que l’on dévore presque d’une traite, avec un coup de théâtre à la toute dernière ligne. Un de mes plus gros coups de cœur de cette rentrée.