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Alcibiade
Jacques Cazeaux (Traducteur)
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Personne ne peut arrêter ni pendre le on qui parle dans la rue, ni couper Internet - le bien nommé filet des consciences, qui communiquera toutes choses sur le même écran et donc les rendra indifférentes. Pourtant, insensible, innocent, le chant rauque des mots vulgarisés exalte l'instinct du loup qui définit mieux l'homme que le sourire, la main ou la pensée, et il aura engendré la mort. Le Socrate prophétique de Platon, celui de l'Alcibiade, crie gare, gare aux sources vagues, aux mots, au consensus sans amitié qui est celui du tout le monde. Le Socrate de Platon sait de plus que lui-même et cet Alcibiade, qu'il aime et qu'il avertit donc, seront tous deux broyés sous la tyrannie de la Cité, mais différemment: Alcibiade en sera perverti ; Socrate sera sacrifié. L'Alcibiade qui passe pour léger, parmi les dialogues de Platon. Il l'est aux yeux de qui ne pèse pas la décision des ommencements, des mots ; ou bien de qui cherche trop loin le message de Platon, le réaliste. Le choix qu'il a fait ici d'Alcibiade, la figure quasi charismatique qui a flotté sur Athènes les dernières années du siècle de Périclès, une décennie tragique pour Athènes, suffirait à signaler aussi bien l'importance stratégique de ce dialogue que le réalisme de Platon. Socrate, d'ailleurs, ne parlera qu'une seule fois à son Alcibiade - et l'on apprend ainsi que certains trains ne sifflent qu'une fois. Exception dans les Dialogues, Alcibiade n'est ni philosophe ni disciple de philosophe : Socrate le prend comme il ferait de chacun d'entre nous. Ce qu'il lui propose ? De s'arrêter un moment.